In
Mots d'amour,
Sur un grand lit, deux personnes près de nous. Qui baisent. Je le devine aux soupirs et aux gémissements qui brisent le silence. Je le sens aux mouvements lents mais réguliers qui agitent le matelas.
Quatre corps, quatre désirs conjugués en cet improbable polygone aux contours fluides, mouvants. Émouvants. Quadrilatère vivant qui se défait et se reconstruit au gré des envies.
«Tu sais quoi?» lui demandai-je en posant ma tête sur sa poitrine pour écouter son coeur reprendre lentement son rythme habituel. J'aime poser ma tête là , pour respirer l'odeur de sa peau, qui change après l'orgasme. Ah! s'il m'était possible de la mettre en bouteille, cette odeur-là !
- Quoi? répondit-il, curieux.
- Ce doit être un peu ça, le paradis, répondis-je, rêveuse, en regardant le soleil se coucher à nos pieds.
- Han han, approuva-t-il. (Je sais, il est parfois si éloquent!)
Un chant d'oiseau brisa le silence.
- Quand je serai vieille et ratatinée, je me souviendrai de ce moment. C'est si...
- Bien sûr que tu vas t'en souvenir, m'interrompit-il, tu n'as pas le temps d'oublier d'ici deux semaines...
«J'ai faim», me dit-il.
Il est vrai qu'il y avait un moment que j'entendais son estomac gargouiller et puisque je n'avais pas eu le temps de manger le midi, casser la croûte était plus que bienvenu. L'idée de quitter la couche pour aller cuisiner ne nous enchantant ni l'un ni l'autre, nous avons résolu de faire livrer le dîner. Il appelle, puis raccroche. Nous avions environ 30 minutes devant nous avant l'arrivée du livreur. «Nous devrions trouver comment meubler l'attente», me dit-il avant de m'embrasser passionnément.
...
«Il va falloir se rhabiller», me fait-il, une vingtaine de minutes plus tard en se levant du lit. Il a raison, nous ne pourrons pas répondre à la porte nus. Je le regarde enfiler son jean, puis me lève à mon tour. Je revêts mon soutien-gorge, puis je cherche ma culotte. À voir son sourire qui se dessine, je comprends qu'il l'a cachée pour le plaisir de me savoir nue sous ma jupe. Je suis bonne joueuse, j'enfile ma jupe sans protester.
«Penche-toi sur le lit», m'intime-t-il alors.
J'obtempère, puis je le sens qui remonte ma jupe pour dénuder mon cul. «Va-t-il me donner la fessée?» me demandais-je, fébrile. Mais non, malgré l'envie, ses mains ne s'abattirent pas sur mes rondeurs offertes. Au bout de quelques secondes, je sentis son doigt glisser entre mes fesses jusqu'à mon oeillet. Il joua ainsi du bout du doigt un petit moment, m'arrachant des gémissements de plaisir, puis je sentis autre chose. L'extrémité en était arrondie. Et lubrifiée, si je me fiais à la sensation que je ressentis...
«Oh!» pensais-je.
Lorsque la pression qu'il imposait au jouet cessa, je pris conscience de l'indécence de la situation. J'allais lui dire à quel point je trouvais cela excitant quand on cogna à sa porte. Il enfila son t-shirt, je retrouvai ma camisole que j'ajustai en me dirigeant vers la porte... Ce décolleté me sembla soudain un peu trop prononcé pour laisser un autre que lui y poser les yeux. Il m'attendait dans le corridor qui menait à la porte et me fit signe pour que je le précède. J'allais devoir me charger de la transaction... Je le regardai et je vis un sourire malicieux s'étirer sur son visage...
J'ouvris la porte et échangeai avec le livreur les salutations d'usage. Je surpris son regard sur ma poitrine largement offerte. Rougissante, je fouillai dans mon sac à mains pour y dénicher mon porte-monnaie, non sans avoir surpris le regard un peu embarrassé du jeune homme vers mon hôte. Il voulait vérifier si lui aussi avait surpris son regard indiscret.
«Je vous en prie», l'entendis-je répondre au regard inquisiteur de l'autre. Le feu me monta aux joues. Je n'osai plus relever les yeux, mais je sentis le regard du livreur à nouveau sur la blancheur de ma poitrine. Mon amant posa sa main au creux de mes reins et, d'une légère pression, m'incita à forcer un peu la cambrure pour donner, si cela était possible, encore plus de liberté à notre visiteur d'admirer mes rondeurs. Docile, j'obéis, ayant depuis longtemps renoncé à être raisonnable.
Je sentis la main posée au creux de mes reins glisser vers le bas, sur mes fesses, puis derrière ma cuisse... Sa descente s'arrêta vis-à -vis l'ourlet de ma jupe. Mais elle n'allait pas rester là . Je la sentis, curieuse, insistante, se faufiler sous ma jupe et remonter, jusqu'à ma fesse, qu'elle caressa.
C'était indécent. Il caressait mon cul, nu, devant le livreur qui se rinçait l'oeil de mes seins à peine couverts. Difficile pour moi de me concentrer sur les chiffres à entrer dans le terminal de paiement. En plus, l'amant habite dans un immeuble en béton, le signal cellulaire y pénètre difficilement. La transaction prenait du temps.
Sa main glissa entre mes cuisses pour vérifier si l'indécence de la situation me plaisait. «Oh oui, je mouille tellement...» m'entendis-je penser. Ses doigts remontèrent jusqu'à l'objet qu'il avait pris soin de nicher dans mon cul. Et lorsque je tendis enfin l'appareil au livreur qui s'en saisit à regrets, sentant qu'il devrait abandonner son observation, je sentis ses doigts pousser le jouet pour qu'il pénètre plus loin en moi. Un gémissement franchit mes lèvres sans que je puisse le retenir.
Le reste de la transaction se passa sans que j'aie à intervenir. Le livreur tendit le repas à mon hôte qui les déposa sur la table basse tout près et nous souhaita une bonne soirée.
«Oh oui, merci...» répondit mon amant, avec une voix qui me laissait imaginer le sourire qui fendait sa bouche à ce moment-là .
À peine la porte fut-elle refermée qu'il troussa ma jupe. J'entendis le bruit de sa fermeture éclair et la seconde suivante, il me plaqua à la porte pour me baiser violemment, debout, là , dans l'entrée.
À travers le rideau du salon, nous voyions la voiture de livraison. Qui ne partait pas...
J'explosai en un orgasme violent. Le sien suivit, tout aussi puissant et sonore...
In
Insomnie
Cette nuit, je ne dormirai pas. Mon corps ne trouve pas le repos dont il a pourtant tellement besoin. Près de lui, je suis incapable de dormir.
Je regarde son corps engourdi par le sommeil. Je trace des arabesques imaginaires sur sa peau si douce. Sur son flanc, je trace le chemin entre les grains de beauté. La voile d'un bateau. Secrètement, j'ai toujours associé cette voile à mon désir de toi, que tu fais enfler d'un simple souffle sur ma peau.
L'odeur de sa peau, après l'amour, me chavire. Plus chaude, plus piquante que celle de sa peau quand nous échangeons ce premier baiser, si intense, si nécessaire... Cette odeur-là , je la ramène parfois dans mes cheveux, quand je le quitte à regret et que je retrouve ma vie de femme sage. Et dans mon lit, le soir, je la respire à m'en saouler. Socrate avait tort, les plaisirs de l'intempérance sont source de volupté...
Malgré qu'il soit couché contre moi, malgré que son corps m'appelle et que le mien réclame encore ses caresses, je ne veux pas le toucher. Pas maintenant. J'en brûle d'envie, mais il a besoin de se reposer. J'ai besoin qu'il se repose. Dans une heure, deux heures peut-être, son esprit reviendra à la surface et le souvenir de moi, couchée près de lui, achèvera de le réveiller. Dans une heure, deux heures peut-être, il me baisera encore. Parce que cette nuit, il est mien.
Oui, cette nuit, il est mien. Et je ne dormirai pas.
In
Réflexion
«Pose tes mains là .»
Là , c'était sur le dessus d'une commode ébène, à peine plus haute qu'une table de cuisine. Rien dessus, hormis une petite lampe qui diffusait une douce lumière dorée.
Intriguée, je m'exécutai et posai mes mains au bord de la surface de bois verni. Je sentis son corps se presser dans mon dos et ses bras m'enlacer... Non! Plutôt que de se refermer sur mon corps qui réclamait ses caresses, ses bras glissèrent le long des miens jusqu'à mes mains qu'ils soulevèrent une à une pour les porter loin en avant, tout près de l'extrémité arrière de la commode...
«LÃ ...» l'entendis-je murmurer dans mon oreille...
Un sourire intrigué se dessina sur mes lèvres, rapidement chassé par un soupir de bonheur provoqué par ses mains qui remontèrent le long de mes bras pour caresser mes épaules et redescendre de chaque côté de ma poitrine avide...
«Oui...» pensai-je, avide en fermant les yeux. Puis, plus rien.
J'ouvris les yeux quand je sentis la chaleur de son corps s'éloigner.
«Ne bouge pas, surtout.»
Je tentai de voir ce qu'il manigançait par le biais du miroir devant moi, mais il aurait fallu que je bouge pour changer l'angle, et je ne voulais pas désobéir...
J'entendis soudain résonner les premières notes de cette chanson que je lui avais envoyée quelques semaines auparavant, faisant à juste titre valoir que son rythme lascif serait parfait pour qu'il me baise...
J'imaginais les possibilités quand je sentis sa main sur mes hanches et son bassin se coller au mien...
Il bandait. Dur. Je le sentais à travers son jean qu'il pressait contre mes fesses...
Ses mains remontèrent jusqu'aux premiers boutons de mon chemisier, qu'elles défirent lentement pendant que sa bouche semait des baisers dans mes boucles brunes et sur la peau tendre entre l'épaule et la nuque... Mon chemisier largement ouvert, il entreprit de caresser mes tétons durcis à travers le tissu soyeux de mon soutien-gorge...
Je suivais, fascinée, le travail de ses longs doigts en regardant dans le miroir... Sa main gauche descendit le bonnet pour dégager mon mamelon froissé. La main droite en fit de même.
Le reste se déroula rapidement. Ses mains sur mes épaules qui tirèrent mon chemisier pour découvrir mes épaules et ma poitrine. Urgence du désir. Son corps me poussa vers l'avant, sa main força ma cambrure. Bruit de ceinture qu'on défit. Jupe troussée.
Ma culotte, qu'on descendit juste sous les fesses. Froissement de tissu derrière. Je devinai que son pantalon venait de choir sur le sol.
Je n'eus pas à spéculer longtemps. Je sentis la rondeur tendre de son gland glisser entre mes lèvres, puis entre mes fesses.
Un sourire mutin se dessina sur ses lèvres. «Regarde comme tu es belle quand je te baise et que tu jouis», dit-il en forçant ma pudeur...
In
Mea culpa?
Monsieur,
Je ne m'excuserai pas pour ces jours derniers, pas plus que pour ce que je m'apprête à vous écrire. Je sais que nos échanges font naître en vous un émoi difficile à contrôler et que votre sang bout lorsque ma langue effleure vos oreilles, mais l'état dans lequel je me trouve et votre absence momentanée me forcent à vous confier mon trouble.
Je mouille pour vous.
Le sommeil m'embrouille encore un peu l'esprit lorsque survient ma première pensée de vous. Et dans la langueur du corps qu'est la mienne à ce moment de la journée, je vous assure que cette pensée fait naitre ce volcan de lave qui, tout le jour durant, coulera de mon coquillage chaque fois que mes pensées effleureront vos contours...
Non, je ne m'excuserai pas pour cette envie de votre queue dure appuyée contre mes reins dont vous forceriez la cambrure. Pas plus que lorsque je l'imagine, votre sexe dressé, glisser en mon antre chaud pour que vous me baisiez lentement, longtemps et silencieusement...
Je ne demanderai pas pardon pour cette soif de votre gland entre mes lèvres humides que vos propos ne cessent de faire grandir. Je le confesse, j'éprouve ce désir que ma bouche avale votre pieux fier et dur. J'ai envie de votre plaisir sur ma langue, en jets chauds et salés. Je le confesse, mais je ne veux pas que vous l'excusiez.
Je ne ferai pas amende honorable non plus pour ces mots que je vous envoie et qui vous troublent. La raideur de votre sexe, je la souhaite à toute heure du jour ou de la nuit. L'obsédante pensée de vous me pousse à être cette femme qui s'abandonne à son plaisir et au vôtre, et cette queue que nos échanges font bander en est le témoin.
Je ne veux pas que vous absolviez le plaisir que je prends à évoquer mes gémissements auxquels vous ne savez pas résister, pas plus que l'extase que j'éprouve à vous savoir raide à la simple pensée de moi.
Non, je ne vous demande pas pardon. Parce que je recommencerai demain.