Si excuses il doit y avoir, ce n'est certainement pas pour les raisons que vous évoquez. Il n'est certes pas de faute à avoir déchiré mes dentelles dans cette pulsion qui était la vôtre à me débarasser enfin de ces voiles trop encombrants. Je ne conçois rien de bien répréhensible à forcer mes reins pour que je vous présente une croupe qui vous rendra encore un peu plus, si cela était possible, hors de vous même.
Non, vous faites fausse route, l'offense ne vient pas de vos doigts ni de votre bouche qui se perdent dans mon coquillage à la recherche d'une perle que vous faites luire de plaisir, pas plus que de ce doigt qui, enhardi par l'émoi qu'il causait dans mon fruit mûr, s'est risqué à forcer ma pudeur.
Je ne vous en voudrai pas pour les morçures, griffures et autres stigmates que votre rage de moi aura laissés sur ma peau. Je ne vous reprocherai même pas ce plaisir que vous aurez laissé jaillir au plus profond de mon temple, mêlant votre sève à mon miel.
Je suis même prête à vous pardonner cette lettre qui n'avait que pour seul dessein de m'émoustiller. Oui, je vous absous même de cette flagrante provocation, malgré que j'ai dû lire toute votre lettre le rouge aux joues et le feu au ventre, espérant le moment où vous me délivreriez de cette torture si délicieuse, de cette tension que vos mots finement choisis ont su créer et que seul votre sexe planté au plus profond de moi pouvait éteindre...
L'outrage, Monsieur, vient d'ailleurs. Il vient de ces frissons que vos mains ont fait naître sur ma peau. De ces soupirs qui se sont échappés de moi alors que mon bassin ondulait à la rencontre de votre museau barbouillé de mon suc. De cette envie de me cambrer encore plus pour voir l'étincelle de folie dans votre oeil.
S'il y eut affront, Monsieur, c'est dans ces cris de jouissance que je n'aurai pas su retenir alors que votre sexe dur fendait mon abricot et le faisait couler de plaisir. C'est dans ces spasmes qui ont noué mon ventre sur ce pieu qui, sans faiblir, l'auront conduit au-delà du point de non-retour...
Le crime, s'il en est un, est d'avoir semé le germe d'un désir que je ne contrôle plus. Désir qui menace de me submerger chaque fois que je pense à vous. Désir que je prends plaisir à sentir monter du fond de mes chairs et qui déborde sur mes lèvres à toute heure du jour ou de la nuit... Ce qu'il faut punir, c'est ce je-ne-sais-quoi qui fait fondre ma volonté et qui m'enlève toute envie de vous résister. C'est ce qui fait que mes seins ont la forme de vos mains et que dans mes orgasmes résonnent vos râles... Si vous êtes coupable d'un quelconque délit, c'est d'avoir fait de moi une catin, votre catin, et d'avoir fait en sorte que j'aime cela...
S'il est un acte répréhensible, Monsieur, c'est d'avoir réussi à ce que je ne puisse plus me passer de vous... Et si vous me dites "Merci" de vous laisser abuser de mon corps à l'envi, je ne sais que vous répondre "Encore"...