J'avais toujours été bien dans nos silences. Le silence apaisant du coeur qui bat fort. Celui qui laisse le souffle court et les joues rouges. Celui des yeux dans les yeux... Celui qui me fait tout chaud, là, parce que je regarde le bleu de ses yeux. Parce que ses lèvres esquissent ce petit sourire plein de désir qui me rend tout simplement liquide...
J'adorais nos silences, parce qu'ils murmuraient doucement des mots si sensuels... Nos silences, ils soupiraient...
Ils mouillaient.
Maintenant, je ne sais plus. Quelque chose a changé, et nos silences font du bruit. Des silences si lourds qu'ils en deviennent insupportables.
Le genre de silence où chaque bruit, même le plus imperceptible - le froissement d'un vêtement lorsqu'il remue un peu les pieds, le petit tapotement nerveux de ses doigts sur la table, le léger crissement de ses doigts qu'il passe dans sa barbe - chaque bruit semble amplifier le vide jusqu'à ce qu'il emplisse les oreilles... Ce silence renvoie en un écho qui s'accentue jusqu'à la douleur la vacuité de ma vie...
Ce silence m'étourdit, parce que j'entends mon corps qui lui hurle son envie de lui... Je n'arrive pas à faire taire ce désir que j'ai de me retrouver contre son corps nu ni cette envie furieuse et incontrôlable de son sexe dans ma bouche... Et je n'ose plus le regarder dans les yeux, parce que j'ai peur qu'il entende ce torrent de désir que je suis supposée avoir endigué. J'ai peur qu'il entende les supplications de mon corps: "Touche-moi... Prends-moi... Baise-moi..."
Nos silences me tuent, parce que je n'y entends plus son désir de moi...