Découverte - Épisode 7

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Le moment est venu. Pour elle comme pour lui, il le sait et elle le sait, tout ce qui a précédé, leur rencontre virtuelle, leurs échanges écrits, leurs fantasmes partagés, leur découverte mutuelle, la maturation de leur décision de se rencontrer, leurs mutuelles hésitations, leur choix de franchir le pas, tout tendait vers cet instant. Et depuis son entrée dans la chambre, à vrai dire depuis même l’instant où elle a quitté son domicile pour se rendre à ce rendez-vous, tout en elle attend cet instant. Et elle sait, et elle sent, que lui aussi n’a agit que pour préparer ce moment. À l’instant même où la main a cessé de frapper, elle a su que l’étape prochaine serait d’être mise cul nu. Ces deux mots ont explosé dans sa tête, nets comme la lumière d’un matin d’hiver. Je vais être cul nu. Je vais recevoir la fessée cul nu. Il va voir mon cul nu. Son esprit joue avec ces deux mots, comme les enfants qui répètent « caca boudin » jusqu’à ce que, justement, parfois on les menace d’un e fessée…. Cul nu !

Cul nu ; pour lui aussi, les mots sont de l’ordre de l’injonction, de la prière, de l’espoir. Cul nu, combien de fois a-t-il utilisé ces termes lors des leurs échanges épistolaires ? Dès qu’il s’est mis à lui parler de son fantasme, dès qu’il a entrepris de lui expliquer sa conception de la fessée, il lui a précisé qu’elle ne se concevait que « cul nu ». Pour désigner cette partie du corps féminin qu’il aime tant, il a utilisé toutes les subtilités et les polysémies de la langue française. Derrière, postérieur, fesses, arrière – train, croupe, fondement, derche, lune, panier, popotin, croupion, pétard … Mais quand il a abordé sa découverte pour être fustigé directement sur la peau, il n’a utilisé que ce mot, si court, si cru, mais aussi si commun de « cul ». Et il n’y a associé que cet adjectif plus court encore, mais d’une indéniable précision, « nu ». Le derrière peut être découvert. Les fesses mises à l’air. Le popotin exposé. La croupe déculottée. Et, au gré de ses pérégrinations littéraires, il a associé ces mots à peu près dans toutes les combinaisons. Mais aucune d’entre elles ne lui paraît mieux décrire ce qui va arriver maintenant que ce « cul nu ».

Il prend sur lui pour dompter son impatience. Bien sûr qu’il bout d’envie de faire disparaître ce dernier rempart avant de découvrir son cul, nu. Mais, en véritable épicurien, il sait faire durer le temps de l’attente du plaisir. Et il veut aussi qu’elle puisse, elle, ressentir toute la gamme des sentiments d’être déculottée, d’être mise cul nu. Il faut qu’elle puisse savoir que cela va arriver, l’espérer et le craindre. Être impatiente que cela arrive, et angoissée que cela arrive. Le vouloir, oh combien ! et en même temps le refuser. Toute sa raison, toute son éducation, tout ce qui constitue la jeune femme dynamique, moderne, ouverte, libre et indépendante, la pousse évidemment à refuser même l’idée d’être ainsi mise cul nu. Non qu’elle soit particulièrement prude, elle n’a jamais hésité à rester nue dans les douches de son club de sport ou entre copines. Et dans sa vie intime, elle a bien sûr fait cadeau de sa nudité à ses amants. Et si elle n’a jamais pratiqué le naturisme, c’est que l’occasion ne lui en a jamais été donnée, mais elle ne s’y serait pas refusée. Mais il ne s’agit pas ici de se montrer nue. Il ne s’agit pas non plus de laisser – ou de faire – voir se jambes, ou son décolleté. Il s’agit d’être tout à la fois encore vêtue, et d’une certaine manière plus nue que nue, puisque montrant ce qui reste, y compris dans le langage, comme le tabou par excellence. « Montrer son cul », n’est-ce pas le condensé même de l’abandon de toute pudeur ? Oui, tout ce qui fait qu’elle est ce qu’elle est, toutes ses conceptions de la vie, des relations entre les êtres, toutes ses réflexions, l’ont immanquablement amenée à cette conclusion incontournable : elle ne saurait en aucun cas, elle ne doit d’aucune manière envisager même une seconde cette absurdité : montrer son cul. Et a fortiori ne montrer que son cul. Et à un inconnu ! Montrer son cul à un être dont elle n’a pas vu le visage. Quelle folie ! Et pourtant, elle sait, depuis qu’elle a poussé la porte de la chambre, depuis qu’elle a décidé « d’y aller » qu’elle va « lui montrer son cul ». Tout ce qui fait qu’elle est femme, tout ce qui fait qu’elle est sensuelle, tout ce qui fait qu’elle est de chair, l’amène à cette conclusion irréfutable : elle va lui montrer son cul. Elle va lui dévoiler cette lune généreuse, ce postérieur avantageux, ce popotin insolent, cette croupe abondante. Car, comme le dit joliment Georges Brassens elle « usait et abusait du droit d’être fessue.» Et s’il lui était arrivé d’être gênée par cette abondance fessière, par cette exubérance callipyge, elle en était certaine aujourd’hui, ce qui aurait pu être un défaut était devenu aujourd’hui et pour elle un avantage. Combien de fois ne lui avait-il pas avoué – ou revendiqué ? – sa passion pour les derrières confortables, pour les fesses qui ne se dissimulent pas, pour les croupes où les mains peuvent se perdre, pour les culs à empoigner à pleines paumes ?

Le moment est venu. Il va découvrir ce à quoi il pense depuis qu’il échange avec elle. Il va voir son cul. Mieux, il va le faire apparaître. Il va en être le créateur, ou mieux encore « l’inventeur », au sens de celui qui découvre un trésor. En d’autres circonstances, avec d’autres partenaires, peut-être aurait-il choisi de lui imposer de le dévoiler elle-même. Il aurait pu lui lancer l’ordre brutal : « Tourne-toi et montre ton cul ! » Ou seulement lui ordonner : « Baisse ta culotte et mets-toi en place. » Mais aujourd’hui, il n’en fera rien. Pour cette initiation, pour cette découverte, il importe que se soit lui, et lui seul, qui soit le passeur, qui lui fasse parcourir les étapes. Il lui appartient donc de la déculotter. Il ne s’y dérobera pas. Il pose ses deux mains, ouvertes, sur les hanches de la belle, les pouces écartés prenant appui sur ses reins, juste au niveau des deux fossettes qui décorent le bas de son dos. Puis ses mains glissent, lentement, sensuellement, jusqu’à ce que les pouces rencontrent l’élastique de la culotte. Alors ce sont les index qui prennent le relais. Ils s’insèrent à la taille, écartent légèrement le slip du corps qu’il protège encore, s’écartent en tendant à l’extrême la taille du vêtement. Les autres doigts viennent alors rejoindre les index pour commencer à faire descendre la culotte. Lentement. Délicatement. Harmonieusement. Pour qu’elle sente que le vêtement glisse insensiblement sur ses rondeurs. Pour qu’elle ait pleinement conscience de la progression implacable de cette mise à nue.

Le haut des fesses est maintenant découvert. Il aperçoit la naissance de la vallée qui sépare les deux hémisphères. Alors, malgré lui, sans même qu’il ne s’en rende compte, il accélère le mouvement. Le slip descend plus vite, un tout petit peu plus vite. Et la splendeur apparaît, centimètre après centimètre. Quand l’élastique devient équateur, le mouvement s’accélère encore. Le voyage du slip est maintenant irréversible. La lune presque entière est maintenant dévoilée. Il s’en remplit les yeux. Sa respiration devient plus haletante. Il entend les battements de son propre cœur. Il a du mal à avaler sa salive. Il découvre la merveille. Il découvre l’Amérique. Il découvre son Eldorado. La culotte n’est plus qu’une petite bande de tissu fripé, refugiée dans le pli séparant les fesses des cuisses. Avec les lanières des jarretelles, et la jupe au dessus de la taille, il constitue un cadre pour ce tableau magnifique dont il s’emplit les yeux : son cul.

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3 commentaire(s)

  1. On s' y croirait ! Je suis epoustoufflé et en desir avec vos textes.
    Sincérement même en gardant le silence je me delecte de vos decouverte !!!!

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  2. tout est dans le détail, c'est remarquable, on suit chaque cm, chaque sensation...

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  3. Je rejoins X-Addict et Succuba en chacune de leurs lignes... sur le parcours des vôtres...

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