Mascarade

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"Venez, mon Ange, n'ayez pas peur..."

Je regardais la main qu'il me tendait, me demandant encore comment j'en étais arrivée là. J'avais reçu, plus tôt cette semaine-là, un petit paquet. Une boîte, blanche, sans aucune autre inscription que mon prénom. Lorsque j'avais soulevé le couvercle, une petite carte, blanche elle aussi, gisait sur le dessus d'un papier de soie soigneusement plié. Sur celle-ci, une écriture régulière et masculine avait tracé au feutre noir quelques indications: une heure, une date, une adresse et son initiale. Intriguée, je soulevai le papier de soie blanc pour découvrir un magnifique ensemble de sous-vêtements ornés d'une dentelle si fine qu'elle ne pouvait être que faite à la main. La couleur, un brun chocolat si velouté qu'on en aurait mangé, serait certainement ravissante sur la blancheur crémeuse de ma peau... Et la douceur... Je savais qu'il avait beaucoup de goût, mais cela dépassait toutes mes attentes...

Je pris le paquet et m'enfermai dans la salle de bain où j'enfilai mon cadeau pour voir s'il m'allait... Je me regardai dans la grande glace. Mes seins étaient ronds et fiers dans leur petit écrin de dentelle et de satin, et la culotte garçonne soulignait à merveille la rondeur de mes fesses... J'étais ravissante. Mieux, j'étais séduisante et désirable... J'eus envie de garder les sous-vêtements tellement je me sentais belle, mais je me dis qu'il me les avait sans doute envoyés pour que je les porte à ce rendez-vous qu'il m'avait fixé.

D'ailleurs, ce rendez-vous m'intriguait beaucoup. Qu'avait-il donc derrière la tête? Je ne le connaissais pas depuis tellement longtemps et j'ignorais de quoi il était capable. Et cette adresse? Celle d'un restaurant? Un immeuble résidentiel? Un hôtel? Un bar? Je n'avais aucune idée de ce qu'il avait prévu pour la soirée à laquelle il me conviait et cela n'avait rien pour calmer mon coeur qui battait à toute allure. J'imaginais toutes sortes de scénarios, laissant libre cours à mes fantasmes les plus fous... Et quelle tenue conviendrait à cette soirée?

Un délicieux mélange de peur et d'excitation me gagna au fur et à mesure que la semaine avançait. La veille, je reçus un autre petit paquet. La carte disait seulement "Demain...". Le même papier de soie blanc et parfaitement plié enveloppait cette fois-ci un loup assorti à mes sous-vêtements... Mais qu'avait-il donc prévu pour qu'il me soit nécessaire de cacher une partie de mon visage?

Le lendemain, je ne tenais plus en place. Je n'arrivais pas à travailler, j'étais distraite. De retour chez moi, je pris une douche, enfilai les sous-vêtements, une paire de bas de soie et une petite robe noire classique. Je chaussai une paire d'escarpins noirs à talons pour compléter le tout. Avant de partir, je jetai un dernier coup d'oeil dans le miroir. Je lui plairais certainement... Mon manteau sur mes épaules, je sortis. Arrivée tout près, je dus me retenir pour ne pas courir... Je n'en pouvais plus d'impatience...

Voilà, j'y étais. La porte d'un immeuble. Aucune enseigne. C'était donc la porte d'un appartement. Soudain, un doute... Qu'est-ce qui m'attendait derrière cette porte? Quelle folie? Mon coeur s'emballa... J'imaginais son plaisir à me savoir à la fois inquiète et excitée. Et je crois bien que c'est par défi, pour lui prouver que je ne reculerais pas que je sonnai.

Un bruit m'indiqua qu'on déverrouillait la porte à distance. Une dernière grande inspiration, et j'ouvris la porte. Devant moi, un escalier étroit et faiblement éclairé. J'arrivai au haut de la volée de marches le souffle court. Je mis la main dans la poche de mon manteau pour saisir mon loup... Devais-je réellement enfiler un masque? Tant pis, j'osai... La porte s'entrouvrit et je l'entendis me demander, de sa voix chaude qui me faisait fondre: "Avez-vous bien eu mes deux paquets?" Je lui répondis par l'affirmative... Il ouvrit la porte et se déplaça pour me laisser entrer. Il était magnifiquement vêtu. J'étais figée... Un peu surprise... C'est là qu'il me tendit la main...

La pièce était sombre, à peine éclairée en son centre par quelques bougies disposées en cercle autour d'un divan. Curieux endroit pour ce meuble sans dossier ni bras... Il faisait délicieusement chaud. Mon amant se plaça derrière moi pour me débarrasser de mon manteau. Il m'entraîna vers le cercle de lumière. Le bruit de mes pas sur le parquet me laissa croire que la pièce était vaste... Je n'en distinguais effectivement pas les murs...

Debout tout près du divan, mon amant me demanda de fermer les yeux. Je sentis son souffle dans mon cou, puis sa main qui soulevait mes cheveux pour m'embrasser sur la nuque. Ses mains remontèrent rapidement sur mon corps. Ses doigts défirent lentement la fermeture éclair de ma robe sans que ses lèvres ne quittent ma peau. C'était doux, c'était chaud et délicieusement sensuel. Le vêtement s'abîma en un petit tas à mes pieds.

Je savais qu'il regardait mes sous-vêtements, si bien que je me cambrai légèrement, provocante... "Vous avez un goût exquis pour la lingerie", lui dis-je, féline. Sa voix, tout près de mon oreille, murmura ces quelques mots qui me firent fondre: "Pas que pour cela, croyez-moi..."

Les yeux fermés, je me laissai envahir par les sensations qui montaient dans mon corps. La chaleur de ses mains. La douceur de ses lèvres. L'odeur indescriptible qui régnait en ce lieu... Un froissement de tissu plus loin dans la pièce... Quoi? Y avait-il quelqu'un d'autre? J'ouvris les yeux, soudainement tétanisée... Il dut sentir mon corps se crisper et comprendre mon désarroi... "C'est à vous de décider... Un mot, et ils s'en vont..."

Ils? Il y en avait donc plusieurs? Y avait-il seulement des hommes? En même temps que mon cerveau tentait d'assimiler cette nouvelle information, mon corps répondait... J'avais chaud. Le genre de chaleur qui prenait son origine dans mon ventre et qui irradia tout mon corps, en quelques instants... Et je sentis rapidement les premiers signes de l'envie... Tétons érigés, lèvres qui s'ouvrent et s'humidifient, souffle qui se perd... J'imaginai des regards rivés à mon corps, des sexes tendus sous des pantalons soudain trop étroits... Leur envie de moi... La tension trop forte. L'envie de se masturber... Et, je dus bien me l'avouer, j'étais follement excitée. Comment avait-il su que j'étais garce à ce point? Comment avait-il pu lire aussi loin en moi pour m'offrir ainsi l'occasion de rendre ces hommes fous de désir pour moi? Cette mise en scène était si... parfaite...

Mes yeux s'habituèrent peu à peu à l'obscurité. Je parvins à distinguer la silhouette d'un homme, assis là-bas, plus loin dans la pièce, dans un fauteuil... Il y en avait un autre, là, plus près, appuyé contre le mur... Mon regard parcourut rapidement la pièce, découvrant une petite assemblée constituée de quelques hommes qui nous observaient, silencieusement, suspendus à mes lèvres, attendant le verdict qui déciderait de leur fin de soirée...

Un sourire étira mes lèvres...

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7 commentaire(s)

  1. Un de vos très beaux textes, Mademoiselle, sinon un des plus beaux...

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  2. je partage ton sourire.
    Un régal à lire, à imaginer.

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  3. En effet superbe texte mademoiselle ... me voila perdu dans un nuage charnel.

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  4. Qu'il est beau ce sourire d'une femme prete à s'offrir...

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  5. Délicieux de vous lire... comme a chaque fois...
    Enivrante et craquante... je devais me tenir aussi dans un tout petit coin de cette piece car je vous ai tres bien vue sourire...

    Bises

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  6. Mon Dieu... Ce texte... Cette idée, ces envies, cette mise en scène, cette tension dans la pièce, l'ambiance électrique d'une pareille scène...

    Je ne sais pas si c'est vrai, je ne connais pas la suite, mais ce texte, ton texte, a su réellement m'exciter, ou au moins me permettre d'imaginer une scène tout à fait agréable :)

    Merci

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