Soir d'hiver

20:20


C'était une magnifique soirée d'hiver. J'aurais voulu que vous y soyez.

Nous serions sortis dans ce petit café fort chaleureux pas très loin de chez moi. Nous aurions pris cette table près de la vitrine qui donne sur la rue, mais qui est si sympathique parce qu'on y ressent la chaleur du foyer. Lumière tamisée, reflet des flammes dansantes sur le mur de briques... Et vous vous seriez assis en face de moi, vos coudes appuyés sur la table, le corps penché en avant, pour me parler, tout bas, votre visage près de mon oreille. Mon cou enveloppé dans cette écharpe de laine que j'aime. La chaleur de votre présence m'aurait réjouie. Nous aurions parlé de tout et de rien, surtout de rien, puisque c'est de la présence de l'autre dont nous aurions eu envie à ce moment-là. J'aurais commandé un chocolat chaud et vous, un café au lait, puis nous aurions attendu, nous souriant. Et ce silence entre nous ne nous aurait pas dérangés. Non, au contraire, nous aurions savouré cette douce complicité qui se passe de mots.

J'aurais goûté la douceur du chocolat chaud, et vous auriez ri, essuyant du bout de votre pouce la mousse de lait que cette première gorgée aurait laissée sur le bout de mon nez. J'aurais ri aussi, savourant pleinement cet instant d'une parfaite douceur, où rien d'autre n'aurait existé que deux êtres heureux de se trouver près l'un de l'autre.

Puis quand l'employé aurait commencé à mettre les chaises sur les tables, nous aurions ri encore, puisque l'heure de fermeture aurait été dépassée depuis longtemps et que nous aurions constaté seulement à ce moment que nous étions les seuls clients encore présents. Après avoir balbutié des excuses au serveur qui n'aurait pu s'empêcher d'esquisser un sourire complice, nous serions sortis dans l'air doux de cette soirée d'hiver. Je me serais accrochée à votre bras et nous aurions marché longtemps en écoutant le crépitement silencieux des flocons, ma hanche épousant la vôtre, laissant l'air rosir nos joues. Enveloppés de ce silence si particulier, nous aurions laissé nos pas nous emporter au bout de la nuit...

Quand nous aurions eu un peu froid, vous seriez venu me reconduire, et sur le pas de la porte, vous auriez observé un flocon terminer sa chute sur mes lèvres chaudes, et vous auriez eu envie de m'embrasser... J'aurais collé mon corps contre le vôtre, à la recherche d'un peu de chaleur...

"Entrez donc vous réchauffer quelques instants..." aurais-je peut-être osé. Votre sourire, alors, aurait sûrement suffi à me tenir au chaud pour le reste de la nuit...

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5 commentaire(s)

  1. Quelle douceur...
    C'est un enchantement de se laisser imaginer et emmener en promenade par vos mots...

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  2. Et bien c'est réussi, je la sens très bien cette douceur feutrée en vous lisant.

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  3. Que c'est beau, paisible... Quelle complicité... Envie d'en être...
    Et on devine la suite... Dans un lit, à deux on se réchauffe mieux...
    Tu es une poète, petite Ange chérie...
    Permets moi une bise, légère comme u flocon, sur le bout de ton nez...

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  4. tranquille beau, doux, envie de replier mes jambes sous moi, de regarder la neige en me faisant caresser le coup en relisant ton texte..
    bises
    tania
    www.votretania.com

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  5. Salut

    que de douceur et de saveur suave ...
    Bel ecrit
    Bonne journée
    Gérard

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