Le rendez-vous (première partie)
20:12À l'Obsessif. Merci...
Samedi. Début d'après-midi. Un café, quelque part dans le Vieux-Montréal. Une tasse chaude entre les mains. Le goût du café, doux et amer, sur la langue. L'attente... Viendrait-elle? Regard vers la porte. Une femme entre. Respiration retenue. Apnée. Bientôt suivie d'une autre. Ce n'est pas elle. Souffle qui se relâche. Scène qui se répète, deux, trois fois... La femme assise à la table voisine croise les jambes. Dentelle d'un bas qui attire l'oeil... Le regard se perd dans l'ombre de sa jupe, à la recherche d'un désir secret...
Et soudain, elle est là, devant lui. Debout. Grande et belle, son manteau ouvert sur un chemisier noir ceint sous le buste. Un collier, qui joue sur son décolleté, qui attire l'oeil... Cette petite perle qui effleure la rondeur de sa blanche poitrine. Oh rien d'indécent, à peine la naissance d'un sein. Rond. Blanc... Ses yeux remontent tranquillement sur sa gorge, blanche elle aussi. Son visage, doux. Ses cheveux qui cascadent sur ses épaules, légèrement décoiffés par ce vent d'automne. Elle mordille nerveusement sa lèvre inférieure...
Sa bouche... Ses lèvres... Il en avait rêvé. Il ne peut retenir un sourire. Elle est belle. Pour lui. D'un léger mouvement de la main, il l'invite à s'asseoir devant lui. Ce qu'elle fait. Déplacement de l'air. Son odeur vient chatouiller sa narine. Elle sent divinement bon. Inévitablement, son regard se pose sur l'ouverture de son chemisier, là où, dans le secret de sa lingerie, il sait qu'elle a déposé cette goutte de parfum qui fleurit joliment. Elle suit son regard, silencieuse, attentive... Elle sourit.
Pas un mot n'a été échangé. Que dire, que les yeux ne disent pas déjà? Et curieusement, ni l'un ni l'autre ne semble mal à l'aise de ce silence. Elle pose ses mains sur la table, près de lui. C'était comme si, jusqu'alors, elle était restée en suspension près de lui, comme un papillon qui attendait de se poser. Il regarde ses mains. Les caresse du regard. Les doigts de l'homme déposent la tasse de café au milieu de la table et rejoignent ceux de la femme. Pas un toucher, non. Un effleurement. Un frôlement. Un soupir... Elle a fermé les yeux, pour goûter à ce premier contact. Sa peau est douce et fraîche. Ses doigts à lui sont encore pleins de la chaleur du café qu'il vient d'abandonner sur la table. Café auquel il ne touchera plus.
Du bout des doigts, il effleure la peau si douce de ses mains. Son regard remonte vers ses yeux. Ses yeux à la couleur indéfinissable. Sont-ils bleus? Verts? Gris? Ni l'un, ni l'autre, et tous à la fois. Indéfinissables. Elle plonge son regard dans le sien. Papillons au creux du ventre. "Ce regard-là, je ne pourrai jamais l'oublier", pense-t-il...
Il lui prend la main et se lève. Docile, elle laisse sa main glisser dans la sienne et se lève à sa suite. Elle le suit jusqu'à l'extérieur du café. À la sortie, il fait un pas vers la rue et se retourne vers elle. Elle s'arrête, un peu surprise. Il la pousse doucement contre le mur de briques froides et colle son corps contre le sien... Son visage frôle celui de la femme. Les cheveux de la belle dansent sur ses joues. Son souffle dans son souffle... L'humidité de son haleine sur ses lèvres. Et ses yeux, presque fermés. Il remonte sa main sur sa nuque, sous les cheveux. Seconde d'éternité dans la soie brune de ses cheveux.
La digue crève. Son désir l'envahit, sans possibilité de le réfréner. Sa bouche sur la sienne, son désir tout contre elle... Il l'embrasse, comme si sa vie en dépend. Comme s'il n'y a plus que cela, ses lèvres, douces et pleines. Comme si l'univers tout entier retient sa respiration et attend, pour continuer à vivre, qu'il ait enfin goûté ses lèvres...
Un baiser. Entrecoupé par ses soupirs. Il la sent fondre. Il la sait dévorée par un désir aussi grand que celui qui lui torture le ventre et déforme son pantalon. Pas un mot... La conversation se joue à un autre niveau. Pleine de bouches soudées, de langues entremêlées. De frissons qui remontent l'échine. D'yeux fermés, de cils qui battent... De mains froides qui cherchent la chaleur du corps, de la peau...
À suivre.
Photo: Flower Day, trouvée chez Chimère érotique
3 commentaire(s)
Merci Ange.
RépondreSupprimerOn s'y croirait...
Un jour... un jour...
Et bien, c'est un plaisir de vous lire de nouveau...
RépondreSupprimerJe découvre...
RépondreSupprimerCe rendez-vous, si bien écrit, me laisse songeuse en ce début de WE grisâtre. Ca me rappelle aussi des souvenirs, pas si vieux...
Merci ;o) je reviendrai papillonner chez toi.
Dommage qu'il faille attendre la suite...quoique...
Bises de papillon