Naviguer à vue

23:06

La rive Ouest. La rive Est. Entre les deux, une large rivière qui se jette dans le fleuve, quelques centaines de mètres plus au Sud. Nous devions traverser du côté Est pour la nuit. Aucun pont n'enjambe le cours d'eau. Il faut prendre le traversier.

L'embarquement est lent. J'ai hâte d'être rendue à destination. J'ai envie de me retrouver seule avec lui, pour qu'il trousse ma jupe et me prenne tant l'urgence du désir entre nous deux est palpable.

«On va aller prendre l'air un peu», me dit-il, ouvrant déjà la portière du véhicule. J'hésite une seconde. Il vente, dehors. Je n'ai pas de culotte. Il le sait très bien!

Mon hésitation lui a laissé le temps de contourner la voiture pour ouvrir ma portière... «Allez, vilaine fille, on va profiter du vent pour te refroidir les esprits un peu...» Il a deviné.

Je descends du véhicule, serrant ma jupe contre moi, attentive au moindre soubresaut de l'air. Il y a quelques personnes dehors, il fait beau, mais la traversée ne prenant que quelques minutes, plusieurs personnes ont décidé de demeurer dans leur véhicule...

Il me prend par la main et me conduit à la proue. Là où le vent, une fois le bateau en mouvement, risque de nous fouetter davantage. J'ai compris. Il veut m'exposer...

Il pose ses mains sur mes hanches et m'installe à l'endroit exact où il me veut: sur une petite marche, au bord du grillage qui est refermé pour la traversée. Il se place devant moi et pousse mon pied gauche avec le sien, de sorte que je dois écarter les jambes légèrement. L'air s'engouffre sous ma jupe, la soulevant dangereusement...

Je dois lui lancer un regard inquiet, parce qu'il me regarde, et, mettant fin à mon supplice, il plaque son corps contre le mien et me dit «Oh, tu n'as pas idée, n'est-ce pas...?» et ce faisant, il glisse sa main sous ma jupe et remonte jusqu'à mon sexe nu...

Je regarde autour de moi, apeurée. «T'en fais pas. Si tu ne bouges pas, personne ne verra...»

Et ses doigts glissent, entre mes deux rives, jusqu'à ce torrent de désir qui s'épanchait déjà à flot...

Je suppose que, pour quiconque n'y regarde pas plus d'une seconde, nous pouvons passer pour un couple d'amoureux qui s'embrassent sur le pont d'un traversier... Toutefois, l'oeil averti aura probablement remarqué les soubresauts qui m'ont secouée alors que la jouissance m'a frappée et que j'ai dû me raccrocher à ses épaules, de peur que mes genoux ne flanchent... 

En retournant à la voiture, un homme le regarde. L'amant lui sourit, d'un sourire malicieux que je connais trop bien, puis se tourne vers moi et pose son index encore humide de mon plaisir sur mes lèvres, puis m'embrasse à nouveau... Je n'ai pas compris tout de suite ce qui se passait, mais ce baiser au goût délicieusement interdit m'a rapidement fait oublier le regard complice entre les deux hommes. 

Ce n'est que plus tard, alors que le traversier était déjà loin, que j'ai compris l'échange silencieux entre les deux hommes... Je n'ai jamais su si l'inconnu avait tout vu ou s'il ne pouvait qu'avoir des doutes, mais cet index sur mes lèvres et ma réaction lui auront certainement confirmé ses soupçons... 



(Nude And Boat 1, par RTP Fine Art Photography)

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5 commentaire(s)

  1. Délicieux moment, merveilleusement conté.

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  2. Délicieux, oui... L’abandon aura toujours pour moi un goût incomparable...
    Merci de passer encore ici, malgré les silences...

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    1. Je viens d'ajouter l'adresse de ton blog,
      sur la page du mien (https://meserovasions.blogspot.com/).
      Mes amis blogueurs vont peut-être rompre ces silences.

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    2. Merci pour l'honneur que tu me fais. Je me promets de m'égarer chez toi prochainement.

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    3. Tu seras la bienvenue.

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