Mémoire

21:31

Je me suis si souvent demandé quelle saveur auraient vos baisers, après si longtemps.  Comment mes lèvres pourraient-elles encore aimer les vôtres après avoir été condamnées à un cruel divorce qui m'a paru durer une éternité? Comment mon corps privé du vôtre jusqu'à l'amnésie pourrait-il réapprendre à se donner, entièrement? Comment parvenir à nouveau à cette fusion charnelle si délicieuse parce qu'elle avait saveur d'abandon? J'avais peur, après tout ce temps, de n'être plus à la hauteur de cette image que vous aviez gardée de moi. Je redoutais que votre simple présence ne suffise plus à m'allouvir. C'est qu'elle a dormi si longtemps, cette femme que j'avais été, dans votre lit. Je craignais que le brasier qui me consumait aussitôt que je me trouvais en votre présence ne soit plus qu'une petite étincelle. J'avais peur que cette étincelle ne brille qu'un instant - c'est le propre des étincelles d'être éphémères -, puis meure, privée de combustible. J'avais peur du noir et du froid.

Le temps avait peut-être fait pâlir mes souvenirs et mon coeur rechignait peut-être à la réminiscence, mais mon corps a toujours eu bonne mémoire... Le vôtre aussi.



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7 commentaire(s)

  1. Le corps a cette faculté de garder, frissonnant sur sa peau, la caresse de "l'amant" ...La tête, elle en garde, les étoiles et les émois ...
    Que cette expression "allouvir" est belle ...A l'image de ce texte ;)

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    1. Peut-être avez-vous raison, le corps a une mémoire qui lui est propre... C'est que mon corps avait oublié de me le dire...
      Merci de votre fidélité, malgré mes silences...

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  2. J'ai l'impression que parfois vous vous oubliez ma chère amie. Cette "louve", cette femme, vous, elle sera toujours en vous.

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    1. La louve a joué à l'ourse... Elle a hiberné très longtemps. Si longtemps, que je commençais à croire qu'elle avait migré...

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    2. Même si l'on change, la preuve dans mon dernier commentaire, je crois que les fauves resteront toujours en nous.

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  3. Etrange comme vos mots me parlent plus que jamais !
    Vous retranscrivez ce que je n'ai pas su dire moi-même.
    Merci

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    1. Vous m'en voyez ravie. Si mes mots peuvent faire du bruit, même un faible écho, chez quelqu'un, mes silences n'auront pas été vains...

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