J'ai perdu mon petit foulard noir. Celui que je porte sous mon manteau sarcelle, pour me tenir au chaud lors des journées si fraîches de l'automne. Je l'ai probablement oublié au restaurant où nous déjeunions, le Loup et moi, trop occupée que j'étais à me perdre dans le bleu de ses yeux, dans la douceur de son sourire ou dans les accents chauds de sa voix.
Je l'ai très certainement égaré, mais j'ai tout de même espéré. Espéré que c'était lui qui l'avait volé pour voler un peu de mon odeur. Pour emporter avec lui, dans les quelques grammes de ce tissu fin, mon essence... Et alors que je laissais mon imagination vagabonder sur les rondeurs de cette fantaisie purement imaginaire, un souvenir est remonté, petite bulle qui éclate et qui m'inonde de chaleur.
Dans une autre vie, il y eut un homme qui était fou de mon odeur. Il me disait souvent qu'il adorait quand je passais une soirée dans son lit, puisque le souvenir olfactif de mon passage persistait dans ses draps et l'accompagnait jusqu'au matin.
Il avait l'habitude de me déshabiller et de coller son corps chaud contre le mien... Un soir, je portais autour du cou un foulard tissé qui était très doux et dont les multiples couleur s'agençaient à merveille avec plusieurs de mes tenues. Lorsqu'il a retiré la fine écharpe que je portais autour du cou, mon parfum a embaumé sa chambre. Comme si mon foulard l'avait emprisonné et qu'en l'enlevant, il avait fait fleurir l'air autour de nous. Je m'en souviens, parce qu'il a pris une grande inspiration. Je me souviens aussi du baiser qu'il a plaqué sur ma bouche immédiatement après. Je me souviens de mon souffle court et de mes jambes molles...
Je me souviens que plus tard, très tard, quand l'heure de m'arracher à son lit fut cent fois dépassée, j'ai voulu reprendre mon foulard pour le nouer à mon cou, mais il m'en a empêchée. Il voulait s'endormir ivre de mon odeur...
Une semaine ou deux plus tard, quand les dernières traces de mon parfum se furent complètement évaporées, il a voulu me le rendre. Mais comme je tendais la main pour qu'il l'y dépose, il m'a fait un clin d'oeil, puis a saisi mon poignet, dirigeant ma main vers son entre-jambe... Je ne sais quelle idée il avait en tête, mais le soupçon de malice qui brillait dans son oeil et le relief que je sentais sous mes doigts me faisaient croire que j'allais apprécier...
Et je ne fus pas déçue... Il m'a invitée à m'asseoir au bord du lit, a fait tomber son pantalon, puis son sous-vêtement. Devant moi, sa queue dressée. Sa queue que j'aimais tant sucer et toucher... J'eus à peine le temps d'esquisser un mouvement dans sa direction qu'il m'en a empêchée, d'un signe de la main. Je devais rester où j'étais et regarder...
Puis il a repris mon écharpe, l'enroulant autour de sa hampe dressée... Et cet écrin soyeux, il l'a fait glisser le long de son sexe... Quand j'ai compris, j'ai relevé les yeux vers lui... Il m'a souri, hochant la tête en signe d'approbation...
Cette nuit-là , je suis repartie de chez lui, l'odeur de son plaisir autour du cou... J'en ai longuement savouré les effluves dans les mailles de l'étoffe.