L'envers du décor

09:14


On dit, en littérature (particulièrement au théâtre), que le décor est ce qui supporte l'action, ce qui lui permet d'exister et d'avoir des apparences de réel. Il donne aux personnages une certaine crédibilité. Une action X a plus de chances de se produire si le lieu est propice à ce genre d'événement et s'il est probable que le personnage Y s'y retrouve. (Fin de la séquence didactique) Suivant ce raisonnement, un ange ne devrait-il pas faire l'amour sur un nuage de draps blancs et de duvet moelleux? 

Peut-être était-ce naturel que deux amants secrets se rencontrent dans une chambre de motel.  Pourtant, j'avais toujours eu cette idée un peu clichée qu'une histoire charnelle, c'était beaucoup plus beau dans un hôtel luxueux. Comme si c'était ce qui comptait vraiment.

Jamais je n'aurais cru que le bonheur pouvait avoir comme décor une chambre d'un petit motel cheap. Jamais au grand jamais je n'aurais cru être aussi heureuse dans une pièce de quatre mètres carrés au lit dur, à la décoration douteuse et au plafond aux tuiles irrégulières. 

Peut-être même que le décor a joué un rôle dans l'intensité du plaisir que j'ai ressenti, ce jour-là. Dans cet environnement, j'ai oublié qui j'étais au fur et à mesure que mes vêtements tombaient sur les tuiles froides. Je suis devenue chatte affamée... Affamée de ta queue dans ma bouche, dans mon sexe, dans mon cul... Gourmande de tes mains sur ma peau qui reprend vie sous tes caresses. Je me sentais pécheresse, je me sentais rebelle... Je me sentais libre. J'ai tout oublié pour t'appartenir, l'espace de quelques heures. 

Et c'est là, à cet endroit précis, dans ce décor un peu sordide, que tu m'as offert le plus beau des cadeaux: du temps. Du temps avec toi. J'ai pu savourer pleinement le plaisir de ma peau qui s'hérisse de milliers de frissons lorsque tu me touches. Et j'étais heureuse, infiniment heureuse, quand tu m'as dit «Agenouille-toi et suce-moi...» J'ai pu, gourmande que je suis, m'abreuver de ton plaisir à sentir ma bouche glisser sur ton sexe raidi par l'envie. Assouvir, au moins pour un moment, ma soif de toi.  

J'ai oublié le temps quand j'ai senti que ma langue et mes lèvres enflammaient tes reins. Quand ton gland est venu buter tout au fond de ma gorge, il n'y avait plus que cette sensation divine d'être toute entière à notre plaisir qui comptait. Quand mon sexe, pris de spasmes de plaisir, a senti les soubresauts de ton orgasme, je ne savais plus qui j'étais, ni où je me trouvais. Quand, à travers mes soupirs et mes gémissements, je t'ai entendu jouir aussi, tout le reste s'était évanoui. Ne restait plus que nous, haletants et heureux.

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3 commentaire(s)

  1. "Peu importe le flacon, pourvu qu'on est l'ivresse" ;) Ô combien vérifié !

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  2. J'aime aussi etre soumise à mes désirs..Joliment écrit.
    Valérie

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  3. Lorsque l'environnement s'en mêle, c'est peut être bien que les sens s’emmêlent, qu'il y a du court circuit dans l'air, que les éclairs du désir ont du plomb dans l'aile, que les ébats chavirent, que le naufrage des corps est proche, que, l'heure de rallumer la lumière et de rechausser ses lunettes est arrivée.
    Par contre, si même la couleur du papier peint ou l'odeur du resto d'en face et le bruit du métro n'existent plus,là, il y a tout à croire que cette histoire là restera gravée.
    Tout à fait d'accord avec votre propos tellement mieux narré que mes quelques mots.
    Bien sûr, le Relais château, ça peut également être grandiose pour qui aime et goûte le luxe... encore qu'une petite dune à l'écart de regards indiscrets, un sous bois accueillant... et je me souviens d'un Jean-Louis Tritignant et Romy Schneider dans un wagon pour la déportation, loin de ma plage et de ma verte prairie avaient su trouver suffisamment de désir et d'amour pour vivre encore au-delà de tout, un grand moment de vie
    deni.S

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