Vibrations littéraires

08:24


Je poussai la porte de la bibliothèque. Aussitôt, l'ambiance particulière du lieu me saisit. Je m'étais toujours sentie comme chez moi, ici. Comme si le calme qui régnait en ce lieu avait le pouvoir de calmer mes tempêtes. La lumière si particulière parce qu'à la fois si douce et si vive... J'y venais souvent. Pour lire. Pour écrire, aussi. Parfois, je venais juste pour écouter le silence feutré. M'emplir les poumons et la tête de l'odeur des livres... L'odeur de la culture, du savoir...

Je te cherchai des yeux. "Rejoins-moi à la bibliothèque", m'avais-tu dit... Je fis rapidement le tour, mais ne te vis nulle part. Peut-être n'étais-tu pas encore arrivé. Je m'installai, comme à mon habitude, près des grandes fenêtres... Ainsi, je te verrais arriver. Un petit bruit de vibration provenant de mon sac à main attira mon attention. Je glissai ma main à l'intérieur pour en ressortir mon téléphone portable qui vibrait pour m'annoncer que j'avais reçu un message texte: "M826b".

Je souris... Tu me donnais rendez-vous dans un rayon? Je me levai et me dirigeai vers les rayons. Rangée des M... Personne... Je cherchai alors le bouquin... Sur la couverture, une femme nue, étendue sur le dos, un loup à la main... Le bandeau. Décidément, tu me surprendrais toujours.

Un bout de papier dépassait. Intriguée, j'ouvris le livre. Je reconnus ta calligraphie. "Retourne t'asseoir près de la fenêtre, et laisse-toi bercer par les mots... J'ai choisi ce passage, parce que je sais qu'il va te plaire..."

Rougissante, je traversai à nouveau les rayons, puis la série de fauteuils en cuir. Mon livre à la main, la couverture appuyée sur ma poitrine pour bien la cacher aux regards des gens qui, parfois relevèrent le nez lorsque je passai près d'eux, j'eus l'impression que c'était écrit dans mon front que mon choix de lecture était érotique. Je me dis que l'on devait savoir que j'avais des pensées inavouables... Chaque regard sur moi me rappelait que je suis un être sexué, un être de désirs, un être de vice... J'avais honte. Une honte délicieuse. Celle de savoir que j'allais m'adonner à ce vice dans un lieu public, devant tous ces gens... Que j'allais lire et être excitée par les mots, par l'histoire, là, devant cet homme qui me regarda passer devant lui... J'avais honte, parce que je sentais déjà mon intimité en émoi, alors que je n'avais même pas commencé à lire ce que tu avais choisi pour moi...

Je regagnai mon fauteuil, croisai les jambes et ouvris le livre... La scène choisie décrivait les ébats d'une jeune femme avec son amant qu'elle n'a jamais vu puisqu'elle porte un bandeau... Dans la marge, des notes, manuscrites... Ton écriture... "J'aimerais te prendre ainsi, te savoir aussi vulnérable... Aiguiser tes sens... Je bande..." J'assurai ma prise sur le livre, comme si c'était la seule chose qui pouvait me raccrocher à la réalité... Je dévorai les mots, rouge de honte, de confusion, mais aussi d'excitation...

Plus que la scène décrite dans le roman, tes réflexions, tes mots à mon intention me troublèrent... "Je sais que tu aimes... Que tu mouilles... Je suis certain que près de toi, je pourrais sentir l'odeur de ton désir... Que tu dois être belle, ainsi abandonnée..."

Dans la marge, soudain, une inscription étrange... "Glisse ta main sous le siège." Je relevai la tête, pour voir si quelqu'un me voyait. L'homme charmant qui lisait le journal et qui m'avait souri, tout à l'heure, quand j'étais passée devant lui pour revenir m'asseoir me regarda brièvement avant de m'adresser un petit sourire bienveillant et de replonger dans sa lecture.

Je me penchai pour passer ma main sous le fauteuil... Je tâtonnai un petit moment, puis ma main finit par heurter une petite boîte. Je m'étirai pour la saisir. Discrètement, je la remontai pour la poser sur mes cuisses. Regard aux alentours. Personne ne me regardait, mais il me semblait que l'homme souriait... Peut-être lui attribuais-je ce sourire à mon intention puisque je lui trouvais un charme fou...

Je soulevai le couvercle. Du papier de soie. Je l'ouvris. Froissement. Un petit carton. Ta calligraphie, encore... "Mets-le. Là. Maintenant." Je soulevai le petit carton pour découvrir un objet magnifique. Lisse. De forme ovoïde. J'allais poser mes doigts sur l'objet lorsqu'il se mit à vibrer. Surprise, effrayée que quelqu'un ait entendu, je remis prestement le couvercle sur la boîte que je tentai tant bien que mal de cacher...

Mon téléphone vibra. Un autre message texte:"Mets-le, allez... Je te regarde..." Quoi? Tu étais là tout ce temps? Je regardai partout autour de moi, mais mon téléphone vibra à nouveau. "Ne me cherche pas pour rien, tu ne me trouveras pas. Allez, mets-le, je ne te le demanderai pas une autre fois." Soit tu étais là et m'espionnais, soit tu avais une quelconque façon de me voir...

Je posai mon sac sur mes genoux. Ce minuscule bout de cuir parviendrait-il à dissimuler ce que je m'apprêtais à faire? Parce que je savais pertinemment tu ne m'aurais pas autorisée à me rendre à la salle de bain. Je me tortillai sur mon siège discrètement, pour faire remonter ma jupe haut sur mes cuisses. Discrètement, je fis remonter le tissus de mon vêtement très haut, jusqu'au-dessus des bas. Ma main frôla la dentelle de mon string. D'un doigt, je l'écartai suffisamment pour permettre à l'objet de passer.

Il était froid, sur mes lèvres chaudes. Je fermai les yeux une fraction de seconde, pour goûter à l'indécence de la situation. J'étais à la bibliothèque, une main sous la jupe, en train de faire pénétrer un oeuf vibrant entre mes lèvres... Je mouillais abondamment.

Vibration. Du téléphone, encore... "Reprends ta lecture, maintenant..." Je repris le roman qui était posé sur mes genoux. La jeune femme faisait l'amour avec son amant. Tu avais écrit, dans la marge. "Je t'aveuglerai comme ça, moi aussi. Je te posséderai plus intimement encore. Les yeux aveugles, tu t'enfermeras au fond de toi et tu sentiras chaque centimètre de ma queue qui te pénétrera, à l'image de celle de l'homme qui force le cul de la jeune femme..."

Vibration... Je dus me concentrer très fort pour ne pas jouir tout de suite... Je dus laisser échapper un léger feulement, parce que cette fois, j'en étais certaine, l'homme assis dans le fauteuil, là, tout près, souriait... Lorsque je croisai le bleu de son regard, une nouvelle secousse se fit sentir...

Soutenir son regard... Ne rien laisser paraître de l'excitation, de l'orgasme qui menaçait de m'emporter...

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15 commentaire(s)

  1. Hummm vous faites voler mon imaginaire! J'ai tellement envie de connaître la suite!

    Bises, Luna

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  2. délicieux... ça me rappelle certains souvenirs ;)

    ravie de vous retrouver...

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  3. Tout ceci donne terriblement envie de jouer avec vous !
    Ou plutôt, de jouer de vous ...
    Baisers ovoïdes.

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  4. Chère Ange, votre plume est parfaite, votre sensibilité est tendre, vos mots glissent et nous transportent. Ce récit est sculpté délicatement et cela se ressent. Quelle belle histoire.
    Je vous embrasse

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  5. Vite la suite!!! Comment s'est terminé cette lecture en public...? avez-vous réussi à tenir bon ?
    Chère Ange à la plume exquise.....ne me(nous) laissez pas languir....dites moi qu'il existe une suite.....grand sourire

    Je vous embrasse

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  6. Tes mots nous amènent dans une ronde de sensations que nous voudrions prolonger encore et encore ...Vivre et revivre
    Je t'embrasse

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  7. Un texte d'anthologie, à mon humble avis...

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  8. AH! J'AIME ÇA!!!

    Gingembre!

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  9. Une suite rien que pour moi...hmmmm chère Ange vous me flattez.....grand sourire...

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  10. Chère Ange....
    Mes beaux yeux.....? hmmm vous allez me faire rougir....
    (sinon vous savez où peut me mener la flatterie...mefiez-vous...grand sourire)

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  11. Je crois que oui, j'attends même ... impatiemment :)
    Baisers

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  12. Bonsoir

    Je fais mes balades, et puis ...J'Aime ...Voilà
    A bientot :)

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  13. Premier texte que je lis de vous et je suis emportée, et même transportée de désires.
    Merci pour ce jolie moment.

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  14. Seconde lecture en ces mieux et le charme agit. Une plume délicieuse, des mots qui me transportent dans cette bibliothèque... Tout y est je suis conquise et attends la suite avec impatience

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  15. Ouh la la , il faut me connecter aux yeux du monsieur assis dans le fauteuil , je veux voir ! Vite je vais lire la suite arrivée aujourd'hui ...

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